Vive les tartarins du papier à Tarascon !
Depuis 1951, l’usine de pâte à papier de Tarascon a un rôle positif inégalé sur l’emploi, sur l’exploitation forestière, sur les ressources fiscales et sociales et sur les commerces locaux.
L’usine de pâte à papier de Tarascon cherche un actionnaire. Qui sera-t-il ? Comme tous ses prédécesseurs, il sera fou et utile. Depuis sa création en 1951, l’usine nourrit l’imaginaire de ses propriétaires et bénéficie à l’économie française. L’arrêt de l’usine pourrait priver les français de papier toilette.
· L’usine est née d’un Tartarin planificateur allant à contre-courant de l’histoire : une fibre végétale, l’alfa, est cultivée en Algérie puis transformée en pâte à papier sur les bords du Rhône. Mais, la décolonisation prive l’usine de sa matière première.
· Heureusement, il y a les résineux des Alpes et les feuillus d’Auvergne. L’usine est reprise par un groupe papetier français. Pendant des années, ses propriétaires, Paribas et le Crédit agricole, cherchent à se débarrasser de cette activité déficitaire.
· Un canadien l’achète en 2001. Au tournant du siècle, les papetiers de l’hémisphère nord (Canadiens, Scandinaves) se risquent hors de leurs forêts. Avec la crise de 2008, ils battent tous en retraite. Des asiatiques investissent en Europe.
· En 2009, l’usine de Tarascon est sur le chemin de la gloire d’une immense fortune privée. La famille Widjaya constitue, par tous moyens et à tout prix, le premier groupe papetier au monde. L’usine de Tarascon est encore sauvée.
· En 2021, la production de pâte à papier provient de plus en plus de nouveaux sites géants à proximité de centaines de milliers d’hectares d’eucalyptus dans l’hémisphère sud. L'usine du Brésil la plus récente produit1,8 million de tonnes par an, à comparer aux 220 000 tonnes de Tarascon.
Mais l’usine de Tarascon est indispensable. Lors du premier confinement de 2020, le Préfet a maintenu sa production qui assure l’indépendance du pays en papier toilettes.
L’usine de Tarascon a un avenir. Elle fournit aux riverains une électricité verte avec des sous-produits de la pâte à papier. Elle pourrait fournir des substituts à l’acier et aux plastiques à partir de fibres végétales. Déjà des colles, des adjuvants alimentaires, des revêtements routiers, des éléments de carrosserie diversifient les revenus d'autres papeteries.
L’histoire mouvementée de Tarascon démontre que la raison et la rentabilité ne sont pas les moteurs de la décision d’investir. Il y a toujours eu un Tartarin à Tarascon. Le nouvel actionnaire est à dénicher parmi les riches philanthropes mobilisés contre le réchauffement climatique. La BPI, les syndicats, les collectivités locales, les riverains, les papetiers ont aussi le devoir de moderniser une usine bénéfique à la France.